15.4.06

Recruteurs si vous osiez

Actuellement demandeur d’emploi, je sais bien que ce genre de titre pourrait me valoir le mépris des intéressés et l’incompréhension des autres. Je m’explique. La crise du CPE a remis au goût du jour un élément clé de la crise actuelle de l’emploi : la formation. Je m’intéresserai en particulier à l’enseignement supérieur et à l’université.

Le Figaro publie ce jour (pdf disponible sur demande) un article qui ne laisse aucun doute sur la casse qu’engendre cette institution et avant cela, la volonté de pousser 80% d’une classe d’âge vers un bac trop élitiste et désormais inadéquat. Le mot professionnalisation n’a jamais été autant à la bouche des réformateurs. A croire que ce mot et son cousin, flexibilité, pourraient seuls redonner du travail à ceux, qui vainement, en cherche. Cependant, ne poussons pas le raisonnement trop loin en jetant l’anathème sur ces filières qu’on qualifie trop vite de « poubelles ». A ce titre je vous encourage à lire l’article de Jean Bertsch sur la filière STAPS (souvent décriée) dans le monde du 10 avril dernier.

[ L'article est désormais payant (rançon du succès ?) en voici ci-dessous le début encore en accès libre (je tiens disponible le PDF complet) Cette filière universitaire ne forme pas que des « profs de gym ». Les débouchés offerts à ses étudiants se diversifient sans cesse. La mobilisation autour du contrat première embauche (CPE) a occulté le mouvement d'étudiants en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), qui protestent contre la réduction du nombre de postes de professeur d'éducation physique (400 postes au concours 2006, contre 800 en 2005). Certains médias et hommes politiques en tirent des conclusions hâtives et erronées. Leurs propos laissent constamment penser que la filière Staps se réduit à la seule préparation du métier de « prof de gym »... ] Contrairement aux idées reçues cette filière démontre son exemplarité, son pragmatisme, mais en est-il de même pour les autres discipline ? Je ne désigne pas de coupable.

L’université pêche par un cruel manque de réalisme sur les effectifs nécessaires et en adéquation avec le marché.

Le mot diabolique est lâché: marché. Oui ! il faut que l’université cesse de décrier le monde professionnel (en premier lieu par ignorance) et réalise enfin le grand écart que lui impose sa mission première d’être un lieu de savoirs mais aussi et c’est là son challenge, un lieu de savoir-faires. A cette seule condition l’université pourra réussir et marquer sa différence et sa valeur vis-à-vis des recruteurs.

L’effort doit-il venir uniquement des universitaires ? non !, la perte des idées préconçues doit aussi avoir lieu chez les employeurs afin qu’à l’image de la situation anglaise un philosophe soit employable dans une banque, un historien puisse aussi faire du marketing. Ce ne sont bien sûr que quelques exemples.

Sur le blog de Bernard Salanié l’on pourra retrouver avec effarement les vrais chiffres des émigrés Français en Angleterre. Pays alliant flexibilité (étrange, on y revient encore) mais surtout prise de risque dans les recrutements. Sans doute ces compratiotes ont-ils compris où le risque payait ?

En France, on se contente de mettre les individus dans une case, jugeant les individus sur leurs diplômes et trop peu sur leurs potentialités. Patrick Fauconnier dans « La fabrique des meilleurs » livre un constat désolant de cette triste réalité. Pour reprendre le sous titre de cet ouvrage on développe « une culture d’exclusion » et celle-ci touche aussi bien les non qualifiés ce qui est déjà inquiétant et socialement suicidaire mais aussi les surdiplômés et là on touche au dramatique.

Mesdames et messieurs les recruteurs, osez, prenez des risques, sachez voir les potentialités , n’enfermez plus de futurs collaborateurs dans des cases qu’ils refusent.

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