30.4.06

"Plaisir d'apprendre... joie de recevoir"

C'est un vrai plaisir d'apprendre d'autrui mais encore plus quand la prose est fluide, le style clair et l'argumentation bien construite.
C'est ici
Merci Monsieur Chamboredon

Opinion, quand tu nous tiens !

Une citation trouvée sur le très recommandable blog de econoclaste.org


"Si les français ont de la mondialisation une opinion plus négative que leurs voisins, c'est peut-être parce que les hommes politiques, toutes tendances confondues, s'entendent pour proclamer les dangers de l'économie globale. Pour des raisons différentes, mais avec des conclusions curieusement assez similaires, chacun voit dans l'ouverture des frontières l'explication de tous les problèmes nationaux : chômage, faillite de la sécurité sociale ou explosion des banlieues. La droite met en avant ces étrangers indésirables qui franchissent des frontières laissées sans surveillance ; la gauche se focalise sur les activités et les emplois qui quittent la France par ces mêmes brèches ouvertes dans la protection nationale." Suzanne Berger.

22.4.06

A qui profite la mondialisation ?

Le plombier polonais, l’acier indien, le textile chinois et maintenant l’électricité italienne ! Nous sommes envahis. Que fait le gouvernement ? Comme des pompiers au feu : Chirac file en Inde pour bloquer l’OPA de Mittal sur Arcelor. George W Bush le talonne pour vendre à ces mêmes Indiens, des centrales nucléaires américaines plutôt que françaises. Tout juste rentré en France, Chirac, infatigable, tente de s’opposer à la prise de contrôle de Suez par un concurrent italien.
Hélas ! La même semaine, on apprend que deux millions de Français sont partis travailler à l’étranger dont cinq cents milles à Londres, ce haut lieu du libéralisme sauvage. Se fera-t-on une raison ? L’économie n’a plus de frontières, pas plus de nationalité : les actionnaires de Suez sont loin d’êtres tous français, tous les salariés d’Arcelor ne le sont pas, tandis que le président de Sony est anglais et celui de Renault, Libano brésilien.
Qui s’en effraie et pourquoi ? Des Tartuffes.

Derrière les grands principes patriotiques, on lit les intérêts personnels : le président d’Arcelor craint pour son fauteuil, celui de Suez idem. Chirac ? Il voit se réduire son influence, son fonds de commerce politique et son réseau d’influence. Quid des salariés ? Les activités ne s’envoleront pas parce que l’actionnariat change ; mais elles devront évoluer. Ce qui n’est pas neuf ; ce fut même , dans un passé récent, plus brutal. En 1960, - qui s’en souvient ? -un quart des Français étaient agriculteurs, 1% le sont restés : c’est ainsi que nous nous enrichissons, tous, et que nous vivons mieux.
La mondialisation provoque une nouvelle métamorphose : elle sera aussi spectaculaire que le fut l’exode rural.
Faut-il pleurer sur le vieux monde? À Paris, c’est de bon ton: la mondialisation serait sauvage . Sauvage comme la doctrine libérale ! Vous savez, ces horribles libéraux (ultras, forcément) qui justifient l’invasion cosmopolite, encensent l’économie de marché et la démocratie.
Pourrait-on arbitrer sereinement , sans les gros mots qui fâchent , entre ceux qui aiment et ceux qui n’aiment pas la mondialisation libérale ? Saurait-on introduire des critères de jugement à peu prés objectifs ?
J’en propose deux. Entre Gandhi et Friedmann.

Le premier de mes critères est emprunté au mahatma Gandhi : il estimait que le progrès devait être mesuré à l’aune de la plus pauvre des Indiennes.

L’autre mesure nous vient de Milton Friedmann (impossible d’être plus éloigné de Gandhi) ; lui estime que le progrès c’est la liberté des choix (freedom of choice) . Selon Friedmann , une société progresse quand les individus disposent d’un plus grand nombre d’options au cours de leur vie. ( Friedmann prétend que le bonheur serait conditionné par la liberté des choix mais là, je ne suis pas).
Équipé avec ces deux règles , peut-on mesurer la mondialisation ? Au niveau de chaque individu (le PDG d’Arcelor sera moins heureux) , non ; mais au niveau d’une société, oui.
La mondialisation libérale accroît bien les choix et le niveau de vie de la plus pauvre des Indiennes : 8 % de croissance par an, grâce aux échanges internationaux, ça finit par avoir des conséquences positives jusqu’au plus modeste des hameaux. La pauvre Indienne vivra plus longtemps, ne verra pas mourir ses enfants en bas âge, ne sera plus nécessairement confinée dans le village de ses parents.
Pour un citoyen de France ou de Suisse, la mondialisation accroît –elle aussi la liberté des choix ? Ou elle y contraint : la mondialisation profite aux nomades - réels ou virtuels- plutôt qu’aux sédentaires.
Nous parvenons là à l’essentiel : le cœur nomade aime le libéralisme, les sédentaires préfèrent le nationalisme. Mais l’affaire est jouée : nous avons changé de civilisation, la mondialisation est là. On peut y résister, on ne peut y échapper. Les libéraux ont historiquement gagné : ça énerve.

Guy Sorman (extrait de son blog)

19.4.06

Ces jeunes qui pensent vieux

(recette: prenez une crise, contrôlez, laissez monter puis reposer, resortez les bonnes feuilles, analysez, servez aux femmes et hommes de bon sens... bon apétit)

Les jeunes ont raison d'être déçus d'une société qui, depuis vingt ans, mégote leur place tout en les flattant. Le jeunisme se révèle comme l'artifice destiné à feindre la modernité. En France, des moins de 30 ans se font ainsi régulièrement balader par la gauche copain-copain : un abus de confiance confirmé, mardi, avec le succès relatif des processions contre le contrat première embauche. Ce faisant, une génération bernée s'active à l'être davantage.

Si les non-diplômés ont tant de mal à trouver un emploi, c'est parce que l'École s'est montrée idéologiquement rétive à l'apprentissage et à l'ouverture sur l'entreprise. Des centaines de milliers de postes sont vacants dans la métallurgie, la maçonnerie, la menuiserie, la serrurerie. Pour ces jeunes, le CPE devrait permettre d'accéder à ces métiers, en laissant à l'entrepreneur la liberté de licencier durant deux ans. Pas de quoi s'étrangler.

Les lycéens et étudiants veulent-ils bloquer l'accès au travail à moins lotis qu'eux ? C'est ce qu'ils laissent comprendre, en se faisant manoeuvrer par d'archaïques syndicats soucieux de leurs intérêts égoïstes. La fonction publique, mobilisée mardi, n'est en rien concernée par ce contrat. Mais elle y voit l'inacceptable atteinte à l'État providence, construit sur un Code du travail interdisant la nécessaire flexibilité.

Le CPE, approuvé par les parlementaires, a un mérite : celui de rompre avec un système qui ne fonctionne plus et qui écarte 23% des 15-29 ans d'un marché du travail bloqué par trop de contraintes. Cette politique, parce qu'elle s'inspire d'une timide vision libérale, suffit à la déjuger aux yeux des doctrinaires. Cependant, il n'est plus possible de défendre un système qui exclut les moins formés et fait fuir les plus entreprenants.

Des décennies d'éloges du pantouflage ont laissé des traces. L'année dernière, un sondage révélait que 76% des 15-30 ans jugeaient attractifs de devenir fonctionnaires. Cette semaine, une enquête Ipsos montre que 82% des Français encourageraient leurs enfants à entrer dans la fonction publique. C'est ce pays immobile et soucieux de sa retraite qui renoue avec son rituel gauchisant. Mais ce sont des conservatismes qui s'expriment. Ils aggravent la marginalisation des jeunes, en leur transmettant des préoccupations de vieux.

Contre-offensive étudiante

Jusqu'où la France devra-t-elle tomber pour que la gauche se réveille ? Un sondage révèle que plus de trois Français sur quatre considèrent que le pays est dans une phase de déclin. Dans son dernier livre (L'Europe en crise, que faire ? Éditions Clément Juglar) le Prix Nobel de sciences économiques, Maurice Allais, rappelle : «Dans tous les pays du monde la France se distingue par un record incontestable mais désastreux. C'est le pays où l'on entre le plus tard dans la vie active. C'est le pays où la durée de travail est la plus réduite. C'est le pays où l'on prend sa retraite à l'âge le plus faible.»

Sur l'ensemble de ces sujets, l'absence de propositions du Parti socialiste, fer de lance de la contestation anti-CPE, fait douter de sa lucidité. Il ne réagit qu'aux 35 heures, aux emplois aidés, au droit à travailler moins. Sentiment de décrochage aggravé par le vide qui s'installe dans le programme de Ségolène Royal, probable candidate à la présidentielle. Elle admet : «Je n'ai pas à avoir un avis sur tout» (nos éditions de lundi). Mais elle n'en a sur pratiquement aucun sujet, mise à part l'éducation des enfants. Une atonie à l'image de son camp.

Face à ces effacements, la volonté de réforme de Dominique de Villepin mérite d'être soutenue. D'autant que les syndicats ne peuvent se prévaloir d'une représentativité les autorisant à parler au nom de la jeunesse ou des salariés du privé. Or s'exprime désormais, au sein de la majorité, une crainte à l'idée d'affronter une minorité. Le premier ministre se dit prêt à discuter d'un «statut» de l'étudiant afin d'amadouer l'Unef. Mais un recul serait la victoire des brasseurs d'air.

D'autant que les étudiants et lycéens ne se reconnaissent pas tous, loin de là, dans ces mouvements téléguidés qui détournent les inquiétudes des jeunes. Mercredi, le nouveau Conseil représentatif national des lycéens a estimé qu'il faut «laisser une chance au CPE, pour voir s'il répond à un problème de l'emploi des jeunes». Un raisonnement de bon sens, soutenu dans de nombreuses universités, de Rennes à Tours en passant par Jussieu (Paris). Et si la contre-offensive venait des étudiants eux-mêmes ?

Refus de voir

Une constatation : le malaise social des jeunes n'est pas propre aux adolescents des banlieues. Ceux-là avaient été excusés par les belles âmes pour leurs razzias de novembre, mises sur le compte du chômage et de la précarité. Mais ce sort est le lot de toute une génération, même si les cités sont touchées plus rudement. Est-ce que les manifestants de mardi ont brûlé des voitures, des écoles, des commerces ? Leur bonne tenue fait ressortir le caractère ethniquo-religieux des dernières émeutes.

Aussi est-il curieux d'entendre le discours dominant contester cette évidence. Un aveuglement qui n'est plus de mise aux Pays-Bas. Ce pays, fameux pour sa tolérance, s'est à ce point raidi contre l'islam que la ministre de l'Immigration, Rita Verdonk, en est à réclamer que le port de la burqa dans les rues soit sanctionné et que l'usage du néerlandais soit obligatoire en public. Attitude excessive. Mais le refus de voir est certainement plus dangereux.

Ivan Rioufol pour "Le Figaro" Mars 2006

Gestion des Ressources Humaines

Le «choc démographique» ne se traduira pas forcément par des recrutements…

La quatrième édition du baromètre annuel «Choc démographique» réalisé par la Cegos auprès de 150 DRH et de 300 cadres, publiée le 6 avril, fait apparaître que les professionnels des Ressources humaines ne sont pas si inquiets que cela de l’arrivée effective de ce que l’on appelle le papy-boom, à savoir les départs massifs à la retraite des baby-boomers. En effet, les responsables des RH voient semble-t-il dans cette situation plutôt une opportunité de réduire les effectifs : les entreprises sont deux fois plus nombreuses à se déclarer dans une logique de réduction (32%) que d’augmentation (14%), et 54% prévoyant une logique de maintien des effectifs. Les DRH comptent avant tout sur le transfert des compétences avant le départ des baby-boomers et ils pensent recourir à la mobilité interne. 62% des DRH interrogés dans le cadre de l’enquête ont en effet déjà mis en place des modalités de transfert des compétences, contre 41% en 2003. Cette volonté affichée de renforcer la promotion interne pourrait faire croire à de nouvelles perspectives de carrière pour les cadres déjà en poste. Les cadres âgés de 31 à 35 ans se disent assez optimistes sur ce point. Mais, commente Entreprise & Carrières, «il reste beaucoup à faire, semble-t-il, pour instituer une véritable gestion de carrière, attractive aussi pour les plus de quarante ans».

(Entreprise & Carrières, pp4-5, Guillaume Le Nagard, 11/04/2006)

Allez, au boulot, l'avenir nous attend. On sent poindre la confiance qu'on les employeurs en l'avenir !

18.4.06

Navrantes scènes politiques

Ne soyons pas dupe du jeu des journalistes et sachons raison garder. Cependant, je vous encourage à lire « La tragédie du Président » de F.O Giesbert. J’avoue sans honte aucune que c’est le premier livre de cet auteur/journaliste que je lis. C’est assez édifiant… C’est pourquoi je reste très prudent sur les propos qu’il rapporte et encore plus sur les prises de position (très feutrées) de l’auteur, qui sans l’avouer, roule plutôt du coté de Nicolas Sarkosy. En ce sens, suit-il le sens du vent, alors qu’il dénonce si souvent ceux qui s’abaissent à ce comportement moutonnier ? On lui laisse le bénéfice du doute et en attendant, on comprend effaré que la scène politique est impitoyable mais surtout que le grand changement n’est pas pour demain, ni d'ailleurs pour 2007. ..

Je souhaite tout de même me tromper, j’en serai égoïstement le premier heureux.

Je ne résiste pas à la tentation masochiste de ressortir des chiffres que l’auteur livre en épilogue et tirés du Figaro du 30 janvier 2006 :

Les français mettent au plus bas parmi les qualités demandés à un président, le franc parler (35%), le courage (32%), la conviction (25%).

Nous voilà bien ! Je souhaite une fois de plus que les sondages se trompent.

Money must be funny in the rich men's world...


Pour faire le lien avec le billet précedent

Ce que nous coûtent vraiment nos élus

La France compte 577 députés, 331 sénateurs, 2040 conseillers régionaux, 4054 conseillers généraux, 36 785 maires, plus d’un demi-million de conseillers municipaux…

Une étude publiée récemment par Contribuables Associés lève un coin du voile sur les coûts que génèrent l’entretien et les activités de cette pléthore d’élus.

A tout seigneur, tout honneur : le budget du Parlement s’élève à 819,8 millions d’euros (513,2 millions pour l’Assemblée nationale et 306,6 millions pour le Sénat). Les parlementaires ont augmenté leurs moyens de 9,3 % depuis le début de la législature, soit plus de 76 millions d’euros sur cinq ans. A elle seule, la chaîne télévisée parlementaire (Assemblée et Sénat), dont l’audience est négligeable, a bénéficié en trois ans d’une augmentation de ses crédits de...

La suite sur le site ! désolant.

Courage... émigrons pour de bon

(...) les jeunes d’aujourd’hui (...) devront payer la facture d’une dette faramineuse qui s’élève à 1 000 milliards d’euros, soit 65% du PIB. Rappelons que le remboursement des seuls intérêts de la dette équivaut au prélèvement de l’impôt sur les revenus. Tout français qui naît aujourd’hui doit déjà environ 20 000 euros à la collectivité (…)

Parents : seriez-vous des inconscients ?

Rappelons aux lecteurs désabusés que comme le veut leur idéologie, les socialistes se revendiquent "sociaux", or ils (et la droite itou) dépensent à tout va pour rétablir tant bien que mal (surtout mal) la paix civile.
Tout en refilant l'addition au suivant, beau sens des responsabilités !
Y a t'il un politique intelligent pour oser dire que la France ne peux plus se permettre, financièrement, de faire du social ?

Les plus informés n'auront pas manqué de comprendre que si l'ex-CPE ne coûtait rien, les mesures qui remplacent l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances sont des emplois « aidés ». Tiens donc, mais par qui ?
L'état pardi ! Ah heureusement qu'il est là pour sauver la face et puis ce n’est que quelques millions à dépenser.
Un lien indispensable sur le sujet.

Vive les caricatures


Non, contrairement à ce que mon titre laisse peut être entendre, je ne vais pas parler des caricatures du prophète Mahomet... (je suis bas normand et non pas Danois)

Je vous livre un dessin trouvé sur le site libres.org qui résume beaucoup de chose à peu de frais, quelques traits de plume et l'imagination de l'auteur. Merci au site et à l'auteur !

Vieille adage populaire: "un dessin vaut mieux qu'un long discours" alors, à quand "la reforme expliquée en 10 schémas" ?

15.4.06

Recruteurs si vous osiez

Actuellement demandeur d’emploi, je sais bien que ce genre de titre pourrait me valoir le mépris des intéressés et l’incompréhension des autres. Je m’explique. La crise du CPE a remis au goût du jour un élément clé de la crise actuelle de l’emploi : la formation. Je m’intéresserai en particulier à l’enseignement supérieur et à l’université.

Le Figaro publie ce jour (pdf disponible sur demande) un article qui ne laisse aucun doute sur la casse qu’engendre cette institution et avant cela, la volonté de pousser 80% d’une classe d’âge vers un bac trop élitiste et désormais inadéquat. Le mot professionnalisation n’a jamais été autant à la bouche des réformateurs. A croire que ce mot et son cousin, flexibilité, pourraient seuls redonner du travail à ceux, qui vainement, en cherche. Cependant, ne poussons pas le raisonnement trop loin en jetant l’anathème sur ces filières qu’on qualifie trop vite de « poubelles ». A ce titre je vous encourage à lire l’article de Jean Bertsch sur la filière STAPS (souvent décriée) dans le monde du 10 avril dernier.

[ L'article est désormais payant (rançon du succès ?) en voici ci-dessous le début encore en accès libre (je tiens disponible le PDF complet) Cette filière universitaire ne forme pas que des « profs de gym ». Les débouchés offerts à ses étudiants se diversifient sans cesse. La mobilisation autour du contrat première embauche (CPE) a occulté le mouvement d'étudiants en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), qui protestent contre la réduction du nombre de postes de professeur d'éducation physique (400 postes au concours 2006, contre 800 en 2005). Certains médias et hommes politiques en tirent des conclusions hâtives et erronées. Leurs propos laissent constamment penser que la filière Staps se réduit à la seule préparation du métier de « prof de gym »... ] Contrairement aux idées reçues cette filière démontre son exemplarité, son pragmatisme, mais en est-il de même pour les autres discipline ? Je ne désigne pas de coupable.

L’université pêche par un cruel manque de réalisme sur les effectifs nécessaires et en adéquation avec le marché.

Le mot diabolique est lâché: marché. Oui ! il faut que l’université cesse de décrier le monde professionnel (en premier lieu par ignorance) et réalise enfin le grand écart que lui impose sa mission première d’être un lieu de savoirs mais aussi et c’est là son challenge, un lieu de savoir-faires. A cette seule condition l’université pourra réussir et marquer sa différence et sa valeur vis-à-vis des recruteurs.

L’effort doit-il venir uniquement des universitaires ? non !, la perte des idées préconçues doit aussi avoir lieu chez les employeurs afin qu’à l’image de la situation anglaise un philosophe soit employable dans une banque, un historien puisse aussi faire du marketing. Ce ne sont bien sûr que quelques exemples.

Sur le blog de Bernard Salanié l’on pourra retrouver avec effarement les vrais chiffres des émigrés Français en Angleterre. Pays alliant flexibilité (étrange, on y revient encore) mais surtout prise de risque dans les recrutements. Sans doute ces compratiotes ont-ils compris où le risque payait ?

En France, on se contente de mettre les individus dans une case, jugeant les individus sur leurs diplômes et trop peu sur leurs potentialités. Patrick Fauconnier dans « La fabrique des meilleurs » livre un constat désolant de cette triste réalité. Pour reprendre le sous titre de cet ouvrage on développe « une culture d’exclusion » et celle-ci touche aussi bien les non qualifiés ce qui est déjà inquiétant et socialement suicidaire mais aussi les surdiplômés et là on touche au dramatique.

Mesdames et messieurs les recruteurs, osez, prenez des risques, sachez voir les potentialités , n’enfermez plus de futurs collaborateurs dans des cases qu’ils refusent.

Lassalle a mangé

Je plaide coupable, mon péché mignon sur ce blog sera toujours d’essayer de trouver des titres « jeux de mot ». C’est sans doute mon coté Almanach Vermot qui ressort. J’assume et j’en garde sous le coude pour les prochains billets d’humeur (pour éviter l’anglicisme « post », trop souvent rencontré).

Si (Jean) Lassalle ne vous dit rien, « googlez » ce nom et vous saurez tout. Cela m’étonnerai bien que vous n’ayez pas entendu parler de ce député en grève de la faim pour éviter la délocalisation d’une usine de sa circonscription. Après 39 jours, son pari (car c’est est un) est gagné. Sur l’excellentissime blog « la lime » j’ai surpris certain propos chagrins se demandant si en ces temps de crise politique, il fallait en rire ou en pleurer.

Ni l’un ni l’autre et en premier lieu, l’on doit respecter ce choix et l’individu.

« Le respect est la première politesse que l’on doit a autrui ».

Catherine Ney dans son éditorial du jour sur Europe 1 a mis le doigt sur le point essentiel de cette affaire : l’engagement. En ces temps confus où trop de personne trahissent ou abdiquent (l’épilogue du CPE en est l’exemple frappant et avant, combien de démissions « nobles » se sont perdues…) le choix de ce député est exemplaire et courageux.

Au final, et malgré que mon titre ne reflète pas ce bilan, il a gagné. Et ce en cristallisant autour de lui, ceux qui ont le pouvoir de changer (durablement ?) les choses, à commencer par Nicolas Sarkosy, toujours aussi (trop) incontournable.

Cependant, ne soyons pas dupes, l’engagement Japonais d’investir localement n’est peut être qu’une diversion (je ne le souhaite pas). La question des délocalisations et du poids de l’industrie Française est toujours aussi sensible (et non résolue) et ne peut être réduite à cet acte de bravoure (39 jours…faites mieux, messieurs les tristes sirs). La question du chantage doit aussi être analysée, est-ce l’arme ultime de pression ? La crise du CPE aurait t’elle capoté plus tôt si des milliers d’étudiants avaient choisi le jeun forcé ? Que vont penser les investisseurs internationaux de ce pays de malheur où de tels coups fourrés sont possibles ?
Bref, plus de nouvelles questions que de vraies réponses...

Enfin, mieux que tout les discours populaires sur le décalage entre l’opinion publique et les décisions des parlementaires, cette affaire termine de démontrer la profondeur de la crise institutionnelle que nous traversons car posons nous cette question : « où allons nous si un député en est réduit à ces extrémités ? »

13.4.06

Le bal des débutantes

Aujourd'hui à Caen, c'était le Carnaval des étudiants...
J'ai été très déçu, en effet, pas un seul déguisement de "Guignol Chirac" ou de type en poubelle marquée C.P.E. Pourtant et à l'initiative généreuse du gouvernement, on leur a laissé plusieurs semaines "libres" pour préparer leur beaux z'habits. Par contre, beaucoup portait fièrement des vestes en carton d'emballage. C'était du meilleur goût. C'est sans doute ça qu'on appelle "revendiquer sa condition de précaire" ?

P.S : Non, je ne déteste pas les étudiants, je mesure combien ils ont de la chance de pouvoir apprendre. J'ai eu moi même cette chance. Penser par soi même en est une autre mais c'est sans doute trop leur demander en première année.

Récit d'un désastre de plus

J'ai posté ce commentaire sur le blog de Christian Blanc dont je recommande la fréquentation.
La reflexion portait, entre autre, sur la recherche. Un vaste sujet, sans doute trop vaste pour certain. Je vous le livre brut:

"De la démocratie et de l'intérêt de connaître le sentiment populaire"

- Chapitre 1: le cas de la recherche... moteur de croissance communément reconnu.
1.1: sonder l'opinion: les états généraux de la recherche
1.2: mandater ses propres pseudo experts

- Chapitre 2: allumer un contre feu
2.1: prendre note des recommandations
2.2: de l'utilité des expertises de la communauté comme papier hygiénique

- Chapitre 3: voter discrètement une loi sous couvert de la crise d'une autre (4 avril 2006)
3.1: signer la perte des vrais acteurs de la recherche (à 5 ans)
3.2: nier le rôle de l'université

- Chapitre 4: constater que la vindicte populaire serait calmée par la solution rejetée précédemment (entre autre)
4.1: perde deux occasions de reformer utile
4.2: de l'utilité des stocks de mouchoirs pour les prochaines échéances

Bilan: Pourquoi Nicolas S doit se mettre au kilt et
le Ségolène's style of mon avis sur tout.

Conclusion: tout ça pour ça ?

Je pense aussi qu'il manque une double formation "port de la blouse blanche/lancé de pavés". Ca serait réellement professionnalisant.

Vieux con.

Je suis désolé d'initier ce blog par une vulgarité que je réprouve, mais le bilan sordide de la crise du C.P.E me pousse à le faire. Après une lecture attentive de sources médiatiques choisies je me pose cette question : « A quel âge devient on vieux ?... »

J'ai enfin ma réponse: 32 ans. gasp... c'est mon âge.

Je ne comprends donc plus les jeunes, pire je pense à l'inverse de leur motivations profondes. Il est clair que de 16 à 26 (âge d'inaptitude) l'on sait fondamentalement ce qui est bien, vrai, utile. Oserai-je même dire "bon".
(Pour les curieux et les attentifs, je précise que de 26 à 32 ans on accélère son vieillissement tissulaire par quelques traditions au charme suranné telles que le mariage, la parentalité, l’accession à la propriété)

Alors, OUI, les patrons précarophages nous entoure, conspuons les, encourageons les délations.
OUI, l'immobilisme et le dialogue de sourd doivent devenir les deux nouvelles mamelles de notre belle république. Liberté, non Egalité des chances, Fraternité syndicalo-lycéenne. Voilà notre belle devise. Le monde est beau, l'économie collectiviste y est florissante et la croissance immodérée qui en découle prend à son bord chaque futur salarié avide de sécurité de l'emploi. Un Austerlitz social moderne.


Mais j'y pense, c'est le printemps. Tout ça n’est sans doute, alors, qu’une nouvelle montée de sève révolutionnaire comme j'en ai toujours observé à la même époque durant mes "folles années" universitaires. Avec un bac+8 en poche (seul endroit où il me sert) je pense être un observateur certifié. Que dire ? Que la constance des engagés politiques, faisant carrière en première année et parcourant sans relâche la distance cafeteria-cité U force le respect. Je suis sûr que j'en reconnaîtrai certain si l'envie me prenait de parcourir les campus que j'ai connu. Il est vrai que ces hauts lieux de la connaissance sont le véritable rendez vous des consciences modernes.
Mesdemoiselles, Messieurs, le vieux con vous salue bien.

« Tout ça pour ça ? », fin de l’acte.

Pour les lecteurs avertis, cette pantalonnade sera bientôt disponible chez Raffa-Villeplon éditions.