Je réagis certes un peu tardivement, mais les plus à l'écoute d'entre vous aurons sans doute entendu parler de la polémique autour de la non attribution à Monsieur Jean Claude Chermann du prix Nobel de Médecine et Physiologie 2008 , au même titre commun que Mr Montagnier et Mme Barré-Sinoussi. Cela pour leur découverte commune du V.I.H en 1983.
(VIH: Virus de l'Immunodéfience Humaine agent causal du syndrome de l'immunodéficience acquise ou SIDA)
L'histoire et la tradition veulent que pas plus de trois personnes se voient remettre ce prix. Cette année toute l'attention s'est focalisée autour du troisième récipiendaire: l'Allemand Harald zur Hausen, dont les travaux sur les virus des papillomes et leur potentiel oncogénique sont de très grande valeur. Aucune remise en question ici, autre que mettre papillomes et VIH ensemble c'est soit vouloir faire aux yeux des médias non spécialisés un package promotionel du genre "vive la virologie" soit plus prosaïquement au plan biologique confondre torchons et serviettes (les deux sont en tissus ?) soit enfin vouloir cautionner une troisième voie plus nébuleuse...
En effet, si cette année l'académie Nobel voulait a juste titre récompenser la virologie (et mettre ainsi un coup de projecteur bienvenue sur la qualité des recherches et les avancées Françaises dans ce domaine, cocorico) elle a aussi de façon éhontée niée le rôle fondamental qu'a joué Mr Chermann lors de la découverte du VIH.
L'académie a également, à mon humble avis, fait étalage de sa froideur et de son classicisme pour évincer cette personnalité à part, dont l'acharnement à développer un vaccin contre le VIH force le respect faute de susciter un enthousiasme mérité (pour rappel: des armées de chercheur avec les moyens colossaux de big pharma cherchent le même Graal thérapeutique... mais commercialiser des antiviraux fort onéreux est bien plus directement rentable et porteur de résultats tangibles). Syndrome du court termisme, pathologie des financeurs pusillanimes.
Je ne fais pas le naïf emprunt d'un bel idéal d'équité, ni l'apologie de David contre Goliath mais force est de constater que Mr Chermann est une voix à entendre et un avis expert sur le sujet du VIH. J'ai eu la chance d'être reçu par lui dans ses locaux de recherche d'Aubagne pour un entretien d'embauche. Lequel n'a pas débouché sur mon recrutement mais je ne lui en tiens nullement rigueur d'autres plus compétents que moi ont brigué légitimement cette place.
Je sais juste que la teneur de notre entretien dont le contenu restera privé a terminé de me prouver que ce chercheur était "à part" (dans ma bouche cela veux dire... dans le bon sens du terme) en effet j'avais entendu parler de sa réputation avant (j'ai aussi, à mon modeste niveau fait de la recherche en virologie du VIH...) mais de façon fragmentaire et assez partisanne (devinez dans quel sens).
Etre un chercheur de conviction est une qualité. Avoir des principes et une éthique est hautement respectable, n'en déplaise aux esprits classiques trop prompts à suivre le troupeau.
Alors, sans doute il existe une ligne ténue entre un vain entêtement et vraie conviction profonde (idée de génie ?) et peut être reproche t'on à Monsieur Chermann de marcher tel un funambule sur cette ligne que peu savent parcourir en restant crédible.
Je ne me fais malheureusement pas d'illusion. A l'heure où Mr Chermann recherche courageusement et à juste tire de nouveaux financements pour aller plus loin dans "ses découvertes" (oui, lisez ses publications) cette "histoire" va s'éteindre d'elle même. Les regrets (sincères ?) de ses anciens collègues, prix sous le bras n'y changeront rien (les palmes ne sont elles pas plus belles quand on est pas obliger de les partager ? belle communauté scientifque des idées et du partage...) Après tout l'économie mondiale est en crise et ce petit fait divers de la Science peut bien attendre (dites ça aux malades que les soubresauts boursier indifférent)
On sera donc passé à coté de deux belles occasions:
récompenser (pour une fois) un esprit original et frondeur de l'ordre scientifique établi
mettre en avant, seule, la virologie des papillome au travers d'un prochain prix 2009
le tout pour faire bien mieux et plus utile que de la "minorité de blocage".
Merci et bonnes recherches Mr Chermann